Le slam n’a jamais eu autant de place dans les écoles françaises. A Chaudefonds-sur-Layon, les élèves de l’école de la Source et du collège Saint-Exupéry se sont prêtés à l’exercice sous l’impulsion du Contrat local d’éducation artistique (CLEA). A travers quatre ateliers animés par Kwal, accompagné au clavier par Tony Baker, ces jeunes ont plongé dans l’univers du texte rythmé et du verbe engagé. Au-delà de la récitation, l’expérience consiste à jouer avec les mots, à se raconter et, surtout, à prendre confiance en soi !
L’initiative, locale cette fois, n’est que la partie émergée d’un mouvement plus large, celui de l’intégration du slam dans l’éducation, portée depuis plusieurs années par des institutions et figures majeurs du milieu artistique, notamment la Ligue Slam de France et la Fondation Culture et Diversité. Décryptage !
Dans un coin de salle de classe transformée en scène improvisée, Milo déclame son texte, sur un fond musical swing : « Les bébés pythons, c’est trognon ». Juste après lui, Samuel enchaîne avec un texte riche en rimes : « Je m’appelle Samuel, et si tu es bien assis, tu sais qui je suis. » Des phrases simples, mais qui résonnent fort, car elles traduisent une expression brute et authentique.
Depuis le début du programme, Kwal guide les élèves dans cet exercice d’autoportrait : écrire sur ce qu’ils aiment, ce qui les anime, ce qui les touche. Et surtout, il leur apprend à se libérer des contraintes du papier pour donner vie aux mots à voix haute. La restitution de ces créations en public est une étape essentielle. Elle permet de casser la timidité, de transformer les doutes en fierté et de créer un véritable échange avec les camarades de classe.
Et l’aventure ne s’arrête pas là… Les élèves de l’école de la Source enregistreront leurs textes la semaine prochaine au collège Saint-Exupéry. Un projet qui leur permet de découvrir le slam sous toutes ses facettes, de l’écriture à l’oralité, jusqu’à la mise en musique et l’enregistrement. Rappelons que ces ateliers ne sont pas qu’un simple divertissement littéraire. Ils s’inscrivent dans une dynamique plus vaste, celle d’une pratique artistique qui, depuis quelques années, fait son chemin dans les établissements scolaires français.
L’initiative menée à Chaudefonds-sur-Layon n’est pas un cas isolé. Depuis 2017, le programme national « Slam à l’école », lancé par Grand Corps Malade (qui est entre autre slameur-poète, rappeur, acteur, scénariste et réalisateur) et la Fondation Culture et Diversité, a déjà permis à des milliers d’élèves de découvrir cet art oratoire. Dès la première édition, plus de 400 collégiens ont pris le micro pour déclamer leurs textes sur scène. Une aventure qui, dès l’année suivante, a vu sa popularité exploser avec 850 participants issus de 28 établissements. Et malgré la crise sanitaire, le mouvement n’a pas ralenti : 1105 élèves issus de 37 collèges ont participé à la troisième édition, avec des centaines d’heures d’ateliers encadrés par des slameurs professionnels.
Pourquoi un tel succès ? Parce que le slam a un impact concret sur les jeunes. Pêle-mêle, citons le développement de l’expression orale et de la confiance en soi, la stimulation de l’imaginaire et de la créativité, ou encore le renforcement du vivre-ensemble à travers une discipline collective et bienveillante. Vous l’aurez donc compris, ce qui se joue dans ces ateliers, c’est une véritable expérience humaine, qui permet à des élèves parfois en retrait de se révéler à eux-mêmes et aux autres.